logo_100_chasse_peche.png

Édition novembre 2023

FAIT VÉCU

CHEVREUIL TROPHÉE

FAIT VÉCU

CHEVREUIL TROPHÉE

Texte et photos
Martin Renaud

Souvenir du trophée de l’auteur en compagnie des guides de la pourvoirie et de Jean son compagnon de chasse.

Monarque de l’Alberta

Tout a commencé par un dîner dans un restaurant à St-Eustache (dans les Basses- Laurentides) entre amis. Nous discutions de nos expériences de chasse et nos futurs voyages et la serveuse me dit alors qu’elle a un ami qui est assis au bar et qui est un mordu de chasse et qu’il va depuis quelques années au chevreuil dans l’Ouest. Je lui mentionne que c’est un rêve pour moi d’aller chasser le gros chevreuil dans l’Ouest. Elle m’invite alors à la suivre pour me présenter son ami Jean.

Les présentations se font et il me montre des photos, me parle de la pourvoirie, des guides et la connexion se fait rapidement entre moi et Jean. Nous avons par la suite discuté à plusieurs reprises de nos chasses et de fil en aiguille Jean me mentionne que son partenaire de chasse prend sa retraite de l’Ouest et qu’il ira à la chasse seul cette année (l’an dernier). On continue à jaser et je lui dis que je serais intéressé d’aller à la chasse avec lui. Il me répond alors: mais pourquoi pas! Il me donne les détails, je remplis les formulaires et me voilà engagé dans une chasse au chevreuil dans l’Ouest avec des dates incroyables, en plein dans le rut (23 novembre au 1er décembre 2022). Les guides qui sont des amis à Jean lui envoient des photos, quelques semaines avant notre arrivée, des bucks qu’ils voient grâce aux caméras de surveillance et des photos prises au moment de leurs déplacements en véhicule alors qu’ils chassent d’autres espèces. Plus la date de mon départ approchait, plus l’attente était interminable… 

Deux semaines avant mon départ j’ai préparé mon matériel, ajustement de l’arme au champ de tir, vérification avec la compagnie aérienne pour les dates et heures du départ et surtout je voulais avoir les informations pour pouvoir ramener la viande de mon futur gibier.

Le jour J arriva enfin. Départ de Montréal avec une escale à Toronto, Calgary pour ensuite terminer à l’aéroport de Grande-Prairie ou nous avions prévu un coucher. Le lendemain matin le pourvoyeur vient nous chercher à notre hôtel. Nous rencontrons alors Mike’s le pourvoyeur et quelques autres chasseurs qui passeront la semaine avec nous; des gens très sympathiques. Embarquement de notre matériel dans le pickup et nous voilà partis pour une courte balade de 1 h 45 vers la pourvoirie. Le plan des guides était très simple. En arrivant à la pourvoirie un dîner nous attendait, préparation de notre matériel de chasse et session de tir où nous devions avoir deux balles groupés au centre pour être sûr de bien effectuer notre tir sur notre gibier.

13 h 30 le moment tant attendu arrive enfin. Jean et moi embarquons dans le pickup et Mike’s me dépose en premier.  Il me demande d’entrer dans une cache pour y passer la fin de journée. Il nous confirme que le rut vient tout juste de commencer et d’être prêt à tout moment. La première heure et demie passe très vite j’aperçois trois chevreuils. Toutefois ils se déplaçaient très rapidement et je n’ai pas eu le temps d’évaluer leur taille. Après seulement une heure de chasse Jean m’envoie une photo d’un chevreuil et il est lui aussi sur la photo. Sur le moment je n’étais pas sûr de bien comprendre. Je lui envoie un texte et lui demande: « est-ce que c’est un chevreuil que tu as récolté les années précédentes »? Il me répond aussitôt: « bin non je viens de finir ma chasse… » Jean venait de récolter un très beau chevreuil typique de l’Ouest.

Jean, compagnon de chasse de l’auteur, posant avec un beau buck de l’ouest récolté après seulement une heure de chasse.  

La noirceur arrive et Mike’s le guide vient me chercher. J’ai alors la chance de voir le trophée de Jean et il me raconte l’histoire de sa seule heure de chasse. Il a bien sûr droit aux félicitations d’usages et une petite fête s’impose dans la soirée. Jean me mentionne que Mike’s a l’intention de me déposer au même endroit où il a récolté son chevreuil. Bien sûr j’accepte car il me mentionne qu’il y a une femelle en chaleur et qu’elle sera dans le même secteur le lendemain.

Le lendemain matin comme prévu Mike’s me dépose à la cache et j’y passe toute la journée. Celle-ci passa extrêmement rapidement, puisque j’ai eu la chance de voir plusieurs femelles et bucks de 4 à 8 pointes. Des chevreuils de maximum 2 à 3 ans et demi. Je cherche un buck mature et j’ai l’intention d’y passer la semaine et d’être extrêmement patient pour arriver à mon objectif.

26 novembre. Un matin pas très froid -5 degré Celcius et pas de vent. Cody notre guide nous donne le go et on part en direction de mon spot. Nous arrivons à ma cache à 7 h 30 et il fait encore noir. Je monte dans ma cache et ça me laisse le temps de m’installer puisque le lever du soleil est prévu pour 8 h 30. Le jour se lève enfin et j’aperçois des silhouettes au loin mais il fait encore trop noir pour identifier le gibier. Quelques minutes plus tard la lueur du soleil apparaît et à ma droite à 120 pieds de ma cache une femelle sort du bois. Elle a la tête baissée, marche rapidement, j’ai tout juste le temps de préparer mon arme. La femelle traverse ma ligne de tir (cut line) et du coin de l’œil j’aperçois un gros chevreuil qui sort à la même place où la femelle venait de passer. Pour qu’il s’immobilise je lance un « brrrrrppppp » et il s’arrête puis se lève la tête en ma direction. J’ai trois secondes pour l’identifier et aussitôt je me dis que je ne peux pas laisser passer ce buck mature. Booommm! Je place un tir parfait plein poumon et le chevreuil se retourne puis disparaît d’où il est venu. J’entends ses pas suivi d’un énorme vacarme et plus rien. Je reste dans ma cache et j’envoie un message à Jean qui était en direction de son spot pour chasser le loup. Il me dit que Cody et lui rebroussent chemin et viennent me rejoindre. 

L’attente la plus interminable de ma vie…

45 minutes passent et j’aperçois enfin le véhicule. Jean et Cody arrivent et je sors de ma cache avec empressement. Jean me demande: « puis il est où » ?  Je vais en direction de l’endroit où mon tir a touché mon chevreuil et on aperçoit quelques gouttes de sang dans la neige, mais très peu. La recherche commence et après avoir fait à peine une quinzaine de pied dans le bois nous avons de la difficulté à trouver du sang. Je décide alors de retourner au camion et d’attendre une heure avant de poursuivre la recherche. Le doute s’installe, mais je confirme à Jean et Cody que mon tir était parfait.

L’heure est passée on retourne ou on avait aperçu la dernière goutte de sang. Je regarde au loin et j’aperçois du rouge sur un arbre. Je demande à Jean de regarder dans ses jumelles. Il me dit alors: « est-ce que tu as déjà vu ça un arbre rouge »?

C’est en regardant au loin avec ses jumelles que l’auteur Martin Renaud a aperçu un arbre maculé de sang confirmant que son chevreuil avait été atteint solidement.   

Je pars en direction de cet arbre qui se trouvait à seulement 80 pieds d’où j’ai touché le chevreuil et ouffff!!! Derrière à gauche de celui-ci se trouve le plus gros chevreuil que je n’ai jamais vu. Ma réaction a été de faire quelques pas en arrière et de me demander ce qui se passait… Je ne pouvais pas en croire mes yeux. Jean me dit: « mais va compter le nombre de pointes qui l’a sur la tête ».  Je prends alors dans mes mains le panache de cette magnifique bête et je commence à compter les pointes. 1, 2, 3…12, 14 et 15. On commence à évaluer la grosseur et c’est à ce moment qu’on se rend vraiment compte qu’il s’agit d’un géant de l’Ouest. Je peux vous assurer que cet instant restera gravé dans ma mémoire pour le reste de ma vie.

Photo du trophée de l’auteur à l’endroit exact où il a été retrouvé après le tir.

L’étape suivante a été la prise de photos à l’emplacement où on l’a trouvé et ensuite la prise de photos avec tous les guides. La fête a bien sûr suivie avec toute l’équipe et les autres chasseurs de la pourvoirie.

J’ai vécu le plus beau trip de ma vie et je ne remercierai jamais assez Jean de m’avoir donné l’occasion de le suivre dans cette aventure.  

NOTE : Le mesurage du trophée a été exécuté par le réputé mesureur B&C, André Beaudry le 19 février 2023. Le score final est de 181 4/8 net dans la catégorie non typique et de 186 1/8 brut. Le poids de la bête éviscérée s’élève à 257 lb.

Retour en haut