logo_100_chasse_peche.png

Édition novembre 2023

SAUVAGINE

Texte, photos et vidéos
MICHEL LA HAYE

À quand un registre des guides de chasse
à la sauvagine au Québec?

La chasse à la sauvagine au Québec se fait rarement via un pourvoyeur puisqu’il s’agit plus souvent d’une sortie d’une journée organisée en terres privées. Pourtant, cette activité mériterait pas mal plus d’encadrement. En effet, de nombreux guides sans foi ni loi, ou très inexpérimentés réservent à grands frais des dizaines de sites, sans toujours les utiliser au détriment des amateurs de sauvagine, forment des groupes de 10 chasseurs et plus à la fois, connaissent régulièrement des problèmes de braconnage, de sécurité (accidents dont certains mortels, et amendes pour avoir chassé trop près d’habitations, récemment à Varenne) et surtout, qui font de ce noble métier une activité purement lucrative. J’arrête ici la liste, je me demande juste quand les autorités vont mettre un peu d’ordre dans ce b….l ?  Attendre d’autres accidents graves, des plaintes des citoyens et la frustration grandissante de centaines d’amateurs? Le nombre de sauvaginiers ne cesse de diminuer depuis une décennie, ce n’est pas avec ce laisser-aller gouvernemental que les choses vont s’améliorer!

Des modèles viables et efficaces existent pourtant …

Il existe pourtant un modèle très bien conçu et efficace pour gérer cette activité au Canada. Le gouvernement manitobain se distingue avec une approche stricte, dont un encadrement des guides et pourvoyeurs qui doivent être enregistrés pour pouvoir pratiquer leur métier. Je vous propose l’extrait suivant pour vous faire une idée : « CHASSE AVEC UN POURVOYEUR OU UN GUIDE : les pourvoyeurs et les guides sont titulaires d’un permis délivré par le gouvernement provincial, ce qui signifie que votre chasse sera organisée et dirigée par des professionnels qui non seulement connaissent le terrain, mais qui ont aussi à cœur de préserver et de conserver nos espèces sauvages afin qu’elles soient là pour les générations de chasseurs à venir. »

Vous pouvez en lire plus sur https://fr.huntfishmanitoba.ca/go-hunting/hunting-license/, entre autres, on y mentionne que tout non-résident doit être accompagné d’un guide ou pourvoyeur accrédité. Quand allons-nous nous réveiller au Québec et même en Ontario?

Je vous invite également à lire cet article qui dénote de l’esprit de conservation des gestionnaires de la faune qui fait tellement défaut ici ! https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1963402/regles-chasse-gibier-sauvagine-manitoba-etats-unis

Un groupe de chasseurs heureux de leur chasse menée en toute sécurité! Remarquez la cache bien dissimulée derrière eux.

Réponse
aux
lecteurs

Réponse aux lecteurs

Appels en groupe

On me demande souvent si les chasseurs peuvent appeler en groupe, en particulier la bernache?  Certainement, mais il faut coordonner les appels pour ne pas produire une cacophonie qui aura tôt fait d’éloigner les oiseaux de votre plan!  Voici quelques règles de base à suivre :

  1. Il faut un leader que les autres « suivent » et complètent, s’il accélère ou modère le rythme, augmente ou baisse le volume, tout le monde fait de même.
  2. Tous les calleurs secondaires tentent de produire des appels dans une autre tonalité afin d’imiter un clan de bernaches.
  3. Tous doivent se coordonner pour ne pas arrêter les appels trop brusquement ou créer des « trous sonores » que les bernaches trouveront suspects!

Je vous invite à regarder les deux extraits (vidéos 1 et 2)  dans lesquels j’appelle en compagnie de mon grand ami Marc Harvey, excellent guide de chasse à la sauvagine que je recommande chaudement, qui m’a gracieusement invité à l’ouverture de la présaison cette année 😊. Dans le premier, mon ami Marc et moi,  faisons une transition rapide entre des appels longue distance de bienvenue et des clucks car un voilier s’est soudainement présenté au-dessus du plan. Dans le second, mon ami et aide de chasse Sébastien exécutons plusieurs transitions de divers types d’appel. Ce sont deux vidéos d’appel en équipe qui sont très révélateurs de la complicité naturelle qui existe entre des guides chevronnés!

Vidéo 1 : appel à deux-1

Vidéo 2 : appel à deux-2

Appelant-appels-caches

Chasse mixte, bernache-canard

Comme il en sera question ci-bas, les canards barboteurs sont particulièrement abondants en ce début de saison.  Je vois plusieurs beaux tableaux de chasse mixtes canard-bernache, sur les réseaux sociaux. J’ai aussi vu de bonnes questions posées par des internautes sauvaginiers, entre autres, comment doit-on disposer les appelants des bernaches et de canard ensemble, et quels sont les principaux pièges à éviter ?

Voici donc quelques principes de base à respecter pour ne pas vous faire avoir :

  1. Les canards ne sont pas « gênés », ils viendront volontiers se jeter parmi les appelants de bernaches, mais l’inverse est moins vrai la plupart du temps.
  2. Il n’est pas nécessaire de disposer plusieurs douzaines d’appelants de canards, une ou deux suffiront, mais votre plan sera plus attractif si vous utilisez également un ou deux appelants de canards motorisés (avec les ailes qui tournent, voir vidéo 3).
  3. En général, les bernaches craignent ces appelants, il faut soit les arrêter quand un voilier approche ou simplement les retirer du plan quand les bernaches commencent à voler.
  4. L’idéal est de faire la passe des canards, qui a d’ailleurs lieu avant celle des bernaches et de capitaliser aussi vite que possible avec ce gibier pour augmenter ensuite vos chances de récolter des bernaches.
  5. Au champ, plus que jamais, appelez les canards avec force et volonté et cessez de le faire seulement au moment de faire feu (voir vidéo 4 et 5 ci-dessous).

Vidéo 3 : une petite séquence montrant deux appelants mécaniques en action.

Vidéos 4 et 5 : une belle série d’appels de canard insistants suivi du résultat obtenu!

Comment appliquer ces principes? Allez-y par étape, installer d’abord votre plan de bernaches et ensuite celui des canards. Vous installerez ces petits appelants entre votre cache et le plan de bernaches, formez quelques groupes serrés de 4 à 6 appelants de canards avec un bon espace libre directement devant votre cache.

Vous aurez pris soin de laisser un petit corridor libre d’appelants de bernaches en bas du vent pour inciter les canards à suivre ce chemin et venir se jeter dans l’espace libre derrière les petits groupes d’appelants. Enfin, placez les appelants mécaniques un peu en haut du vent devant la cache (ou directement devant celle-ci si vous avez le vent dans le dos), les canards fonceront littéralement dessus en approchant le plan, en les plaçant ainsi, vous les aurez directement devant vous quand ils se jetteront (photo 2).

Photo 2 : photo d’une installation mixte canard-bernache. Au centre, notez l’espace laissé entre les bandes d’appelants de canards, la position de ceux-ci par rapport aux appelants de bernaches (dont le ramassage avait débuté) et l’appelant mécanique positionné un peu en haut du vent, le tout pour amener les canards à se jeter devant la cache à portée de tir.

Je place les appelants de canards pas plus loin que 15-20 mètres et je donne le « go » quand ils s’approchent et sont à 30-40 m de la cache! Ce sont de rapides bolides, cela vous donnera le temps de vous lever et de vous épauler correctement, quand vous serez prêts à faire feu, ils devraient être à pas plus de 15-25 mètres de vous. J’utilise des cartouches no 4 quand il vente peu et 3 quand ça brasse plus. Soyez patients, les canards, même en présence de confrères bien vivants et nombreux, effectuent souvent de nombreux tours avant d’enfin se jeter! Soyez patients, le résultat ne sera que plus intéressant 😊 (photo 3).

Photo 3 : un tableau de chasse mixte mémorable réussi au moyen de l’installation illustrée ci-dessus, une belle chasse réalisée à l’Action de grâce entre amis et famille 😊.

Biologie et aménagement

Beaucoup de canards

Avez-vous remarqué la grande abondance des canards cette saison? C’est incroyable, on me rapporte des attroupements nombreux partout au Québec, de l’Abitibi, en passant par les Laurentides, dans le couloir fluvial et ses tributaires de même que dans les Cantons de l’Est. La sarcelle à aile verte n’a jamais été aussi abondante durant les douze dernières années (photo 4).  Les raisons? Probablement les coupes de foins plus tardives cette année, qui épargnent alors les cannes couvant en bordure des cours d’eau adjacents à ces champs et les pluies abondantes de cet été qui ont provoqué la formation de nombreuses petites mares et la mise en eau des petits cours d’eau, des habitats très prisés par cette espèce. Il ne s’agit pas simplement que d’une perception, le propriétaire de Himbeault Gibier, le Boucher du Chasseur (https://www.himbeault-gibier.com/) m’a confirmé que lui et son équipe n’ont jamais apprêté autant de canards, dont de nombreuses sarcelles, depuis de nombreuses années! Cette abondance montre que de simples stratégies d’aménagement et de collaboration entre les agriculteurs et les gestionnaires de la faune pourraient avoir des retombées très positives pour la sauvagine, encore faut-il établir ces liens et travailler en partenariat!

Photo 4 : un beau tableau de chasse à l’ouverture de la saison 2023 contenant un nombre appréciable de sarcelles à aile verte.

Anecdote sauvaginière - susciter et encourager la relève

Un de mes aides de chasse et meilleur ami, Angie, et sa compagne Cynthia, ont la chance d’avoir trois garçons, dont deux déjà rendus à l’adolescence et un autre, Noah 7 ans, encore tout jeune.  Vous pouvez voir tout ce beau monde ensemble sur la photo 3 ci-dessus. Ce couple s’est toujours très bien occupé de leur marmaille, ils peuvent se vanter d’avoir trois gentlemen serviables, cools et obéissants comme garçon, mais cela n’est pas tombé du ciel; un bon encadrement et une mer d’affection de la part de ces deux parents exemplaires ont fait le travail! En effet, les garçons, dès qu’ils savaient marcher, et même avant parfois, étaient invités à pêcher et à chasser en compagnie de leurs parents, gros et petit gibier, sauvagine, et toutes sortes de poissons. À l’Action de grâce cette année, nous sommes sortis en amis pour réaliser une belle chasse mixte, canard et bernache. La famille de Noah au grand complet, ma copine, Sébastien, un autre assistant et aussi meilleur ami accompagné de son père.  Pour l’occasion, Noah était équipé d’un fusil-jouet Airsoft qui peut lancer des petites billes molles colorées (photo 5).  Durant cette sortie, Noah avait reçu la permission de « chasser » la sauvagine avec nous, très discipliné pour son âge, il attendait sagement le « go » puis se levait avec nous pour faire « feu » sur les oiseaux.  Il avait aidé à installer et à ramasser les appelants et les oiseaux abattus, comme tout le monde durant cette sortie, il méritait bien de pouvoir « chasser » lui aussi. Nous avons trouvé bon nombre de ces petites billes dans le champ parmi les appelants en les ramassant.  Toutefois, le plus beau de l’histoire est survenu chez mon ami lorsque nous apprêtions les oiseaux récoltés, Angie a eu l’idée d’introduire quelques-unes de ces billes dans la poitrine d’un des canards abattus (Cynthia nous a préparé un superbe souper de l’Action de grâce avec ces prises).  Vous auriez dû voir le beau sourire de Noah quand sa maman lui a montré ces billes en préparant les filets pour la cuisson!!! Il en valait bien mille autres au moins, et à ce moment,  Noah, tout fier, et très bon conteur, s’est mis à nous expliquer quand il avait probablement abattu ce canard lui-même (photo 6). Un petit mensonge blanc comme celui-ci est pardonnable pour susciter autant de passion chez un jeune sauvaginier, vous ne croyez pas ?

Photo 5 : les petites billes « airsoft » utilisées par Noah pour « chasser » avec nous 😊.

Photo 6 : une photo vaut mille mots, regardez le beau sourire de ce futur sauvaginier.

Retour en haut